Le large sourire collé aux lèvres, l’œil malicieux, l’air juvénile malgré sa trentaine d’années et des poussières, Tsofia Touitou est de celles à qui on a instantanément envie de faire confiance. Ça tombe bien… Son métier, au-delà de sa passion pour la musique, est de faire tomber les barrières qui inhibent très petits, petits, et grands. Derrière un piano ou une guitare, elle accompagne à longueur de journée les élèves qui se succèdent dans son appartement lumineux de Jérusalem. Si, à 18 ans, la jeune fille tout juste arrivée en Israël se servait déjà de l’accordéon pour communiquer avec les handicapés mentaux dans le cadre de son sherout leoumi, ce n’est qu’à 30 ans qu’elle décide de se lancer vraiment. Elle lâche alors le métier d’assistante dentaire qui l’occupe encore à mi-temps pour se consacrer entièrement à la musique. Rencontre.
7h30 : Je profite du calme du petit-déjeuner pour envoyer des messages et confirmer les différents cours de la journée. L’après-midi étant consacré aux enfants scolarisés, il faut jongler entre les tous petits et les adultes en matinée. Mes élèves ont de 4 à 83 ans. Ils sont Israéliens, Français, enfants de diplomates ou diplomates eux-mêmes ! Je reçois aussi des étudiants qui préparent l’examen d’entrée à l’académie de musique. Ma méthode me permet de travailler avec des personnes de tous âges. Mes élèves doivent pouvoir utiliser leur oreille et improviser même sans partition.
8:45 : Les premiers coups de sonnette retentissent. Je démarre souvent la journée avec les tout petits car c’est à ce moment qu’ils sont le plus réceptifs. Avec un enfant de 4, 5 ans, je travaille surtout la rythmique. Il est fondamental d’établir une interaction, une complicité, de le rendre acteur du cours. Il doit avoir envie de revenir… J’utilise donc une méthode particulière afin que l’amour de la musique ne s’efface pas devant la difficulté des exercices technique et du solfège. Ma méthode n’est pas rigide, chacun a des besoins différents. Mais j’aime observer un enfant qui réussit à surmonter une difficulté, son visage s’illumine alors et il sort souvent de mon cours bien plus détendu qu’il n’y est entré. Pensée ainsi, la musique devient aussi thérapeutique : elle contribue à soulager certains jeunes musiciens qui ont pu vivre des évènements traumatisants.
9h45: Il n’y a pas que mes élèves qui ont des devoirs ! Je dois également faire « mes gammes ». Après cela, je compose, lorsque je suis inspirée, je prépare mes cours et j’organise mes soirées. Il faut aussi que je gère ma chorale qui se réunit une fois par semaine. D’ailleurs je signale que les inscriptions sont déjà ouvertes pour l’année prochaine ! On y chante, dans une ambiance très conviviale, des chansons folkloriques israéliennes. Nombre de participants sont d’anciens olim, quasi tous francophones.
12h : Première pause de la journée. Quand mon agenda me le permet, je retrouve des amis dehors pour déjeuner. J’espère que mon temps libre sera rapidement rempli par ma vie familiale, mais en attendant « le bon », j’en profite au maximum !
14h : Je ne traîne pas au soleil, mes élèves m’attendent. En général, mes après-midi sont assez chargées et les cours s’enchaînent jusqu’à 19h. Quand j’ai commencé à enseigner, je medéplaçais aux 4 coins de la ville sur mon scooter : Pisgat Zeev, Guivat Hatsarfati, Har Homa,Kiriat Moshe Gilo… Puis la demande a crû ! Aujourd’hui ce sont les élèves qui viennent à moi.
20h : Ma journée n’est pas encore terminée ! Si je n’anime pas de soirées chira betsibour ou de bat/bar mitsvot, je rejoins ma colocataire Yaël, pour une partie de tennis ou de squash. Et en hiver, quoi qu’il arrive, j’essaye de me réserver une semaine de ski.
Les questions WebAviv :
Les projets qui te tiennent à cœur :
Ouvrir une école de musique dans 1 ou 2 ans et former des nouveaux professeurs qui enseigneront ma méthode d’apprentissage. Je souhaite la rédiger et pourquoi pas la publier pour la transmettre au plus grand nombre. Je veux continuer à composer. Ce sera certainement mon plus grand challenge car l’écriture relève de la sphère intime. Il faut aller la chercher au fond de soi…
Conseils pour les femmes qui souhaitent devenir indépendantes :
Je n’ai vraiment pas de conseils à donner à qui que ce soit ! Mais je n’ai pas attendu que tout arrive vite. La vie professionnelle n’est pas un tour de scooter ! Il faut faire preuve de patience et ne pas espérer que tout vienne d’un coup.
Un endroit où tu aimes aller :
Kikar Hamusika
Merci Tsofia pour cette journée. Bravo pour ton parcours, tu partages ta passion avec enthousiasme simplicité et sincérité. Nous te souhaitons beaucoup de réussite pour ton école de musique et pour tous tes projets.
Pour plus de renseignements sur les cours de piano, organe ou Shira Betsibour, n’hésitez pas à contacter Tsofia https://www.facebook.com/tsofia.touitou?fref=ts